Déclaration du REDHAC sur les menaces persistantes contre le défenseur des droits humains Me Justin BAHIRWE(RDC)

Des menaces contre Justin BAHIRWE

(Bukavu, 19.07.2011) Les ONG soussignées expriment leur vive inquiétude concernant les menaces dont le défenseur des droits humains (DDH), Me Justin Bahirwe, est victime et appellent les autorités congolaises à assurer son intégrité physique et psychologique.

Le 06, 07, 10, 30 Juin et le 1 Juillet 2011, Me Justin Bahirwe, Coordonnateur de l’asbl SOS Information Juridique Multisectorielle (SOS IJM) a reçu, des menaces de mort et des intimidations par téléphone.

D’après les informations recueillies par les ONG soussignées, ces menaces semblent être liées aux activités de DDH de Me Justin Bahirwe, qui travaille actuellement sur un projet financé par la Commission Européenne, visant à renforcer le rôle de la société civile en milieu rural. Un lien a été également constaté entre ces menaces et l’engagement de Me Justin Bahirwe dans le dossier du DDH Adrien Zawadi, superviseur de projet au sein de SOS IJM, victime d’une agression violente le 1er mai 2011. Le 1er SMS de menace reçu par Me Justin Bahirwe et envoyé le 06 juin 2011 à 18h 19 min, affirmait, inter alia : “salle taille mouche reconnait ta place et tu vivras à l’aise sache que l’on connait toutes tes pistes et tu ne nous échapperas point […] l’on sait très bien le milieu de ton choix [..] tu rejoins Adrien prend bien note”.

En raison de l’ampleur et de la fréquence de ces menaces et des risques qu’elles entraînent, Me Justin Bahirwe a introduit une plainte contre inconnu au Cabinet du Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Bukavu, le 24 juin 2011.

Dans l’intervalle, les menaces n’ont pas cessé de lui être adressées par le même numéro de téléphone.
« Le principal risque pour les DDH est qu’une menace se concrétise en agression réelle ; cela se produit lorsque les agresseurs disposent de la volonté et des moyens pour ce faire et lorsqu’ils jouissent de l’impunité nécessaire pour mettre leurs menaces à exécution » – a déclaré Mlle Ilaria Allegrozzi, coordinatrice de Protection International à Bukavu.

Les ONG soussignées condamnent fortement les menaces proférées à l’encontre de Me Justin Bahirwe et expriment leur plus profonde préoccupation quant à la situation des DDH en RD Congo et au climat d’insécurité dans lequel ils travaillent.

En effet, depuis quelques années, dans la Province du Sud-Kivu, les DDH ont fait l’objet de menaces, d’agressions, d’enlèvements et de meurtres. A titre d’exemple, les auteurs des crimes à l’encontre de Bruno Koko Cirambiza, Didace Namujimbo, Serge Maheshe et Pascal Kabungulu restent impunis faute de procès équitable ou en raison du blocage de ces dossiers. De la même manière, les menaces proférées à l’encontre des DDH ne sont que très rarement sanctionnées pénalement.

Concernant les menaces par téléphone, il est constaté une absence de volonté des autorités policières et judiciaires de procéder à de réelles investigations, puisque les plaintes sont souvent classées sans suite et les compagnies de télécommunication ne sont que rarement consultées afin de transmettre les relevés téléphoniques.

Les menaces à l’encontre de Me Justin Bahirwe constituent une véritable source d’insécurité et de déstabilisation pour lui, ainsi que pour tout son environnement et portent atteinte à sa liberté de conscience et de mouvement.


Les organisations soussignées demandent en conséquence :

Aux autorités congolaises :

  • D’assurer l’intégrité physique et psychologique de Me Justin Bahirwe ;
  • De diligenter une enquête indépendante, impartiale et approfondie afin de déterminer l’auteur, les causes et les circonstances exactes des menaces proférées à l’encontre de Me Justin Bahirwe ;
  • De faciliter une collaboration étroite entre les autorités judiciaires et les compagnies de télécommunication ;
  • De donner une suite à la plainte déposée par Me Justin Bahirwe en date du 24 juin 2011, d’identifier et traduire en justice le(s) responsable(s) des menaces à son encontre conformément à la loi congolaise et aux dispositions internationales en matière de protection des DDH ;
  • De donner effet aux initiatives du Ministère national de la Justice et des Droits Humains tendant à obtenir d’urgence la définition et la mise en oeuvre d’une politique nationale de protection des DDH conformément aux engagements internationaux pris par la RD Congo.

A la MONUSCO (Bureau Conjoint des Nations Unis pour les droits de l’homme/Unité de protection) :

  • De suivre de près la situation de Me Justin Bahirwe et d’intervenir rapidement en cas de détérioration sévère de sa sécurité ;
  • De rappeler aux autorités concernées leur responsabilité en termes de protection des DDH, et de les assister le cas échéant.


Aux Missions diplomatiques de l’Union Européenne :

  • De suivre de près la situation des DDH en RD Congo et ce, en application des Lignes directrices de l’Union Européenne concernant les défenseurs des droits humains de 2004 et de leur Stratégie Locale de mise en oeuvre adoptée à Kinshasa le 20 mars 2010.

Les Signataires :

Organisations congolaises : 

  • Réseau Provincial des organisations non gouvernementales de droits de l’homme/Sud Kivu (REPRODHOC)
  • Réseau des associations des droits de l’homme du Sud Kivu (RADHOSKI)
  • ACPD
  • APRODEPED
  • COVER-CONGO asbl
  • JUSTICE POUR TOUS
  • KAF
  • IRECA
  • SOS IJM

    Organisations internationales : 
  • Agir Ensemble pour les droits de l’homme
  • Fondation Kios
  • Frontline Defenders
  • La Ligue des Droits de la Personne dans la région des Grands Lacs
  • Protection International

    Pour toutes informations complémentaires, veuillez contacter : 
    Protection International, 11 Rue de la Linière, 1060 Bruxelles :
    Mlle Sophie Roudil (Bruxelles, siège) [email protected] (Tel : 00 33 6 64 84 00 52)