Lomé, le 24 Septembre 2009. Le Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains (ROADHH/WARDHN), suit avec attention la situation des droits de l’homme en Gambie et est particulièrement préoccupé par celle des défenseurs des droits de l’homme gambiens.
En effet, depuis quelques années, les défenseurs des droits de l’homme gambiens sont constamment menacés dans l’exercice de leurs activités en territoire gambien. Les journalistes sont particulièrement visés avec l’arrestation de six (6) d’entre eux le 6 Août 2009. Même si ces derniers ont été remis en liberté, ils restent sous le coup d’une arrestation et d’un emprisonnement à tout moment.
Pire, le lundi 21 septembre 2009, le président Col. A.J.J Jammeh, parlant des défenseurs des droits de l’Homme, a déclaré publiquement ce qui suit:
« Je tuerai toute personne qui voudrait déstabiliser ce pays. Si vous pensez pouvoir collaborer avec les soit disant défenseurs et vous en sortir, vous rêvez. Je vous tuerai et il ne se passera rien. Nous n’allons pas accepter des gens qui se font passer pour des défenseurs au détriment du pays. Si vous
êtes affiliés à quelque groupe de droits humains, soyez assurés que votre sécurité ne sera aucunement garantie par mon gouvernement. Nous sommes
prêts à éliminer les détracteurs »
Le ROADDH/WARDHN tient à rappeler que aussi bien la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples à laquelle la Gambie est partie que les Déclarations de Grande Baie, de Kigali et les Résolutions ACHPR/ Res 69(XXXV) 04 du 4 Juin 2004 et ACHPR/ Res.104 (XX) (Xl) 07 du 30 Mai 2007 consacrent une importante place au rôle que jouent les défenseurs des droits de l’homme dans la promotion et la protection des droits de l’Homme. A ce titre, il est de la responsabilité première de l’Etat de prendre toutes mesures nécessairespour assurer et préserver le respect des droits des défenseurs des droits de l’homme et de tout citoyen ou groupe de citoyens désireux de promouvoir et de protéger les droits de l’homme.
Le ROADDH/WARDHN rappelle également que la liberté d’expression est un droit garanti par l’article 9 de la Charte Africaine des Droits de l’Homme auquel l’Etat de la Gambie est
partie.
A cet effet, le ROADDH/WAHRDN demande:
1. Au conseil des droits de l’homme des Nations Unies qui tient actuellement sa 12ème session à Genève, à la Commission de l’Union Africaine et à la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples de condamner publiquement cette déclaration et rappeler à l’Etat gambien ses obligations régionales et internationales en matière des droits de l’homme et plus particulièrement l’obligation de protéger les défenseurs des droits de l’homme dans l’exercice de leur mission,
2. Que la Commission de l’Union Africaine et la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples exigent du président Col. A.J.J Jammeh et de son gouvernement d’assurer la sécurité des défenseurs des droits de l’homme et de toutes les institutions des droits de l’homme installées sur le territoire gambien,
3. A la communauté internationale et particulièrement aux Etas de la CEDEAO, de prendre des mesures nécessaires pour porter assistance aux défenseurs gambiens en cas de risque.