Les experts en droits humains s’interrogent. Genève et Banjul (9 Octobre 2009)
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Trois rapporteurs spéciaux1 de l’Organisation des Nations Unies et de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples sont profondément inquiets pour la sécurité des défenseurs des droits de l’homme en Gambie et des centaines de personnes qui participeront à la prochaine session de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, du 11 au 25 novembre 2009, dans la capitale gambienne, Banjul, siège de la Commission.
Les experts des droits de l’homme sont profondément troublés par les propos attribués au Président Jammeh en date du 21 septembre 2009, où il a publiquement menacé de tuer les défenseurs des droits de l’homme en Gambie et toutes les personnes coopérant avec eux. « Ces déclarations publiques alléguées faites par un chef d’Etat sont inacceptables et en contradiction avec tous les instruments relatifs aux droits de l’homme ratifiés par la Gambie », ont insisté les rapporteurs spéciaux. « Ils contribuent à la stigmatisation des défenseurs des droits de l’homme dans le pays, suscitent des préoccupations graves concernant la protection et la promotion des droits de l’homme en Gambie, et constituent un exemple fort négatif au niveau régional et international. » «Des centaines de défenseurs des droits humains, nationaux et internationaux, se réuniront le mois prochain en Gambie; seront-ils vraiment en sécurité? », s’interrogent les experts de droits de l’homme.
« Nous demandons au Président de la Gambie de faire une autre déclaration publique dans laquelle il souligne l’importance et la légitimité du travail des défenseurs des droits de l’homme, et leur contribution essentielle au renforcement de la démocratie et la primauté du droit en contradiction avec ce qui avait été rapporté. » Les Rapporteurs spéciaux demandent instamment aux autorités gambiennes de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection par les autorités compétentes, de chacun, individuellement ou en association avec d’autres, contre toute violence, menace, représailles, de facto ou de jure discrimination défavorable, pression ou toute autre action arbitraire comme étant la conséquence de son exercice légitime des droits visés dans la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme.
Par ailleurs les trois experts sont préoccupés du fait que l’exercice du droit à la liberté d’opinion et d’expression est restreint en Gambie et que toutes les personnes qui critiquent le gouvernement sont maintenant exposées au plus fort risque de leur intégrité physique et psychologique. «Nous exhortons le gouvernement gambien à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir le droit à la liberté d’opinion et d’expression de toutes les personnes, notamment des défenseurs des droits de l’homme en Gambie, en conformité avec les principes fondamentaux tels qu’ils sont énoncés à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits, et réaffirmé à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques « , ont souligné les rapporteurs spéciaux.
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(1-Mme. Margaret Sekaggya, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme ; M. Frank La Rue, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, et Mme Reine Alapini – Gansou, Rapporteure spéciale sur les défenseurs des droits de l’homme de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.)