Genève-Paris, le 22 juillet 2011. Alors que la Gambie célèbre aujourd’hui sa fête nationale, appelée “Journée de la liberté” par le Président Jammeh, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un programme conjoint de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), publie un rapport de mission internationale d’enquête sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme en Gambie. A cette occasion, une conférence de presse est organisée à Dakar.
À la suite d’allégations de violations des droits de l’Homme à l’encontre des défenseurs gambiens et du discours que le Président Jammeh a prononcé publiquement en septembre 2009, dans lequel il a menacé de tuer quiconque tenterait de saboter et de déstabiliser le Gouvernement, et particulièrement les militants luttant en faveur des droits fondamentaux, l’Observatoire a décidé d’organiser une mission d’enquête en Gambie du 2 au 11 mai 2010.
Sur la base des éléments recueillis lors de cette mission, le rapport de mission constate qu’il existe un climat général de peur parmi les défenseurs des droits de l’Homme gambiens, particulièrement depuis l’assassinat toujours non élucidé de M. Deyda Hydara, rédacteur et co-fondateur du journal privé The Point, en 2004, la disparition forcée de M. Ebrima Manneh, un journaliste du Daily Observer, en 2006, le harcèlement incessant des journalistes par l’Agence nationale des renseignements (National Intelligence Agency – NIA), les menace proférées par le Président en 2009 et l’actuelle multiplication des cas de harcèlement judiciaire incessants, nouvelle tactique semble-t-il pour empêcher les défenseurs d’exercer leurs activités. En outre, le cadre juridique et institutionnel restrictif entrave la promotion et la défense des droits de l’Homme. Dans ce contexte, les institutions publiques n’ont pas réussi à assurer aux défenseurs une protection efficace. En conséquence, le mouvement de la société civile en Gambie ne peut ni intervenir librement, ni s’organiser, ni s’exprimer. C’est pour cette raison que les médias doivent combler le vide. Mais, à leur tour, les journalistes doivent faire face à des détentions et des poursuites arbitraires, une situation qui pousse certains d’entre eux à fuir ou à pratiquer l’autocensure.
À l’heure actuelle, bien que les actes de violence physique à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme soient moins nombreux, l’Observatoire reste préoccupé par les arrestations récurrentes de défenseurs et les procès continuels sur la base d’accusations sans fondements intentés à leur encontre, ce qui semble indiquer que l’État s’oriente vers une “légalisation” de la répression. L’Observatoire exprime par ailleurs son inquiétude concernant le risque de multiplication des attaques contre les défenseurs à l’approche des élections présidentielles de septembre 2011.
À la lumière des conclusions de son rapport, l’Observatoire formule des recommandations aux autorités gambiennes, à la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples et à l’Union européenne. Par ailleurs, l’Observatoire appelle les autorités gambiennes à garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique des défenseurs des droits de l’Homme et de mettre un terme à toute forme de harcèlement à leur encontre, conformément à la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme et aux autres instruments internationaux et régionaux ratifiés par la Gambie.
Le rapport est disponible en français aux adresses suivantes :
OMCT : http://www.omct.org/files/2011/07/2…
FIDH :