Le 21 novembre 2010, les burkinabés sont appelés à élire le futur Président du Faso. A cet effet, le collectif devenons citoyens voudrait informer l’opinion publique qu’il ne prendra pas part à l’observation indépendante du scrutin contrairement aux précédentes élections de 2005, 2006 et de 2007. Cette décision procède du constat, à priori, des nombreuses difficultés d’ordre administratif, juridique et organisationnel auxquelles se trouve confronté le processus électoral et qui ne sont pas de nature à garantir la transparence électorale.
Au plan administratif
L’administration publique s’est montrée incapable après plus d’un an de fournir la CNIB à plusieurs milliers de citoyens qui en ont fait la demande. Cette exclusion administrative occasionnée par l’ONI, pose un problème de responsabilité, et est à considérer comme une violation systématique du droit primordial de ces citoyens de choisir librement leurs représentants politiques et, de fait, ôte injustement à ces derniers le droit de pouvoir voter lors du scrutin présidentiel.
Au plan juridique et organisationnel
L’annulation du vote des burkinabés de l’étranger, les pratiques violatrices des directives de la CENI telles que l’inscription collective sur les listes électorales et le retrait par personne interposée des cartes d’électeurs par certains partis politiques avec la bénédiction de la CENI, la suspension du croisement avec les données ONI-CENI, la modification manu militari de l’article 53 du code électoral, à moins d’un mois de l’élection et l’absence de photo sur la carte d’électeur constituent des dysfonctionnements qui entretiennent un environnement de scepticisme sur la qualité de l’élection présidentielle.
Analyse
En effet, il apparait clairement que les difficultés juridico-administratives et organisationnelles observées ici et là sont la résultante du laxisme des législateurs et de l’administration, cumulés à la tradition manifeste de remise en cause perpétuelle des acquis démocratiques par le fait des intérêts particularistes et de l’usage abusif des rapports de forces politiques. Il en ressort malheureusement une cristallisation du rejet et de la contestation, non moins justifiée, du processus électoral dans l’esprit d’une frange importante d’acteurs politiques et de la société civile.
Position
Au regard de tout ce qui précède, le CDEC estime que la compétition électorale se tiendra dans des conditions de quasi-procès et d’insuffisance de confiance et de consensus autour des règles du jeu électoral notamment le fichier électoral, gages pourtant de meilleures élections et de démocratie apaisée. L’observation de ces élections ne serait plus capitale lorsqu’il s’avère que les préalables essentiels au plan organisationnel, sur lesquels se fonde celle-ci, ne sont point maitrisés.
En conséquence, le collectif:
- Juge prioritaire, en ce qui le concerne, d’œuvrer à la conscientisation des acteurs quant à l’impérieuse nécessité d’entreprendre une reforme globale du processus électoral burkinabè afin d’adopter consensuellement des dispositions normatives et institutionnelles pertinentes pouvant renforcer notre système démocratique;
- Se réserve le droit, conformément à son rôle de veille, d’alerte et d’interpellation, de recueillir l’information électorale partout sur le territoire nationale à travers ses relais, de commenter et d’en faire la publication par tous moyens appropriés;
- Appel les observateurs nationaux et internationaux à la sincérité et au réalisme dans leurs différents comptes rendu de mission. Les exhorte à éviter tout satisfécit béat en révélant sans ambages les réelles insuffisances du processus électoral, susceptibles d’aider à son perfectionnement.
Pour le Comité exécutif national
Lookmann SAWADOGO
Secrétaire Général
Point Focal/BF/Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits de l’Homme (ROADDH)